La place du client dans l’éco-responsabilité des datacentres

By François Sterin / 2020-10-30 / Customer CentricDatacenters & networkOVHcloud

OVHcloud, en tant que leader européen du cloud à portée mondiale, fait face à des défis majeurs. Nous sommes confrontés à l’augmentation des températures et à la multiplication des catastrophes climatiques. Nous soutenons la croissance de l’Internet mondial, alors que les besoins en infrastructure cloud se sont encore intensifiés. En 2020, nous devons répondre aux demandes massives de nos clients afin de les accompagner, et affronter ensemble une crise sanitaire de grande ampleur qui a accéléré la digitalisation des métiers et des usages. Tous ces challenges sont non seulement industriels, mais aussi éthiques et environnementaux, que ce soit pour nous en tant que fournisseur cloud ou pour nos clients de plus en plus soucieux du monde de demain.

La place du client dans l’éco-responsabilité des datacentres

Une croissance effrénée du stockage et du traitement de la donnée

L’un des principaux objectifs du plan stratégique que nous avons accompli durant les 5 dernières années était de répondre à une forte exigence de proximité exprimée par nos clients. Ils souhaitaient que nous leur garantissions une accessibilité maximale de leur infrastructure sur leur marché local, et que nous nous engagions à respecter leurs contraintes législatives, notamment celles concernant la souveraineté de leurs données. Nous comptons à ce jour 31 datacentres à travers le monde. Et nous sommes un des rares fournisseurs cloud à savoir proposer des infrastructures non soumises au Cloud Act pour nos clients européens, canadiens et asiatiques, et assujetties au Cloud Act pour nos clients américains, via deux entités complètement isolées.

Notre croissance a suivi la digitalisation de l’économie et la mutation des métiers vers le numérique qui n’ont fait qu’accentuer la demande de stockage et de traitement de données. Le Big Data, et plus récemment l’Edge Computing et l’Intelligence Artificielle, ont accéléré de manière inédite ce besoin de stocker et manipuler massivement des données en temps réel. Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, l’adoption massive de nouveaux outils numériques et le recours à des solutions cloud pour les loisirs, le maintien de l’activité professionnelle ou la gestion de services critiques, a considérablement amplifié cette tendance. Jamais nos datacentres n’ont été autant le point stratégique du maintien de l’activité nationale, dans la plupart des pays où nos infrastructures sont déployées.

Une industrie responsable

Une étude de l’International Energy Agency (IEA), publiée cette année, a démontré que malgré la croissance exponentielle du volume des données, la consommation électrique des datacentres à l’échelle mondiale n’a pas explosée. Bien au contraire, elle stagne. A contre-pied des idées reçues, ce constat n’a pas été une surprise pour les experts de l’industrie. Il n’est que la résultante de leurs efforts conjoints en terme d’efficience énergétique et de politique environnementale. L’IEA a montré que la croissance de la demande n’aboutit pas nécessairement à une dégradation de l’impact environnemental :

Global trends in internet traffic, data centre workloads and data centre energy use, 2015-2021
Image © IEA – https://www.iea.org/commentaries/the-carbon-footprint-of-streaming-video-fact-checking-the-headlines

Cette stabilisation globale de l’énergie consommée par les datacentres s’explique principalement par :

  • Une meilleure efficacité énergétique des serveurs et des datacentres les plus récents
  • Une adoption massive du cloud.

Concernant l’efficacité énergétique des servers et des datacentres de dernière génération, le graphe ci-dessus résume bien les différents effets cumulés, que ce soit l’énergie requise pour une unité de Compute, un TB de stockage, ou la capacité requise par workload; sans compter l’amélioration rapide du PUE des datacentres, d’une moyenne supérieure à 2 avant 2010, à des PUE autour de 1.2-1.3 aujourd’hui pour les dernières générations de centres de données.

Masanet et al. (2020), https://science.sciencemag.org/content/367/6481/984

Ceci étant, une croissance nette des besoins en compute/stockage devrait aussi entraîner théoriquement une croissance brute de la consommation, plus contrôlée certes, mais croissance brute quand même… Sauf si nous parvenons à réduire la consommation des besoins déjà existants grâce à l’accélération de la migration vers le cloud.

L’adoption massive du cloud doit en effet s’accompagner de la migration dans le cloud de toutes les petites installations privées vers de gros centres de données gérés avec une approche industrielle, tels que les nôtres. Toutes les entreprises qui possèdent de petites salles informatiques dites On-Premise, c’est-à-dire installées sur site, font fait de plus en plus appel à nos services pour que nous les opérions de manière virtualisée et mutualisée, au travers de nos énormes infrastructures mondiales. Dans la grande majorité des cas, la taille non critique de ces salles On-Premise ne justifie pas un investissement massif afin de mettre en œuvre une politique d’efficience énergétique comme celle que nous déployons à très grande échelle. En conséquence, toutes ces petites salles blanches in situ additionnés ensemble sont en réalité bien plus bien plus consommatrices d’énergie que leur équivalent en mode cloud. Aujourd’hui, la majorité de ces salles, auparavant disséminées géographiquement, sont condensées dans nos datacentres, qui eux s’inscrivent déjà dans une démarche éco-responsable, ou ceux de nos compétiteurs.

Global data centre energy demand by data centre type, 2015-2021
Image © IEA – https://www.iea.org/commentaries/the-carbon-footprint-of-streaming-video-fact-checking-the-headlines

Si la consommation des datacentres cloud et celle des hyperscalers sont en croissance versus la décroissance de l’On-Premise traditionnel c’est qu’ils ont juste remplacé la consommation de ces datacentres traditionnels . La migration vers le cloud se justifie par de multiples raisons : pour ses fonctionnalités, sa flexibilité, sa simplicité et sa rapidité d’utilisation, son prix…mais sa responsabilité environnementale en est une majeure. Cet engagement est ancré au cœur de notre ADN, il motive le déploiement d’un modèle industriel responsable sur l’ensemble de nos infrastructures.

L’innovation, clef de la réussite

La question de notre empreinte environnementale n’a jamais été autant au cœur des préoccupations, tant chez les industriels que chez nos clients. Le réchauffement climatique a énormément remis en cause la manière dont nous refroidissons nos datacentres, où qu’ils se trouvent dans le monde. Toutes nos infrastructures doivent savoir supporter à la fois des températures extérieures de plus en plus élevées, et l’énorme quantité de chaleur qu’elles dégagent elles-mêmes, sans pour autant être plus énergivores. Relever ce défi a nécessité d’accélérer les innovations industrielles, notamment celles autour de notre système de refroidissement (l’un des postes les plus gourmands en énergie), afin de maintenir nos installations à une température modérée, et tirer au plus bas notre indice PUE (Power Usage Effectiveness)* que nous savons optimiser jusqu’à 1,09. Grâce à notre technologie de refroidissement liquide, développée et industrialisée dès 2003, nous faisons d’ailleurs partie des entreprises pionnières qui ont ouvert la voie vers des datacentres plus efficients. Contrairement aux idées reçues, le watercooling ne gaspille pas l’eau puisqu’il fonctionne en circuit fermé… Historiquement, cette technologie par son intégration industrielle verticale nous a permis de réaliser des économies d’échelle, et d’asseoir notre positionnement de Price Leader by Design. Mais notre croissance ne s’est jamais réalisée au détriment de la juste utilisation de nos ressources, au point d’être devenu aujourd’hui un enjeu stratégique répondant à nos engagements en matière de responsabilité environnementale.

Notre politique environnementale se joue aussi au niveau du serveur lui-même. Concevoir nos propres serveurs en maîtrisant l’ensemble de la chaîne de production est pour nous un gage de réutilisation vertueuse des composants et de leur renouvellement régulier. Nous déterminons leur  cycle de vie, correspondant à un cycle de réutilisation pour des serveurs de 2ème et 3ème vie, puis à du recyclage. Ce cerclevertueux nous permet également de remplacer au fur-et-à mesure les anciens parcs de chacune des gammes par des versions moins énergivores. Ce sont autant de leviers d’action pour améliorer notre performance énergétique globale. 

Un écosystème qui s’enrichit mutuellement

Chez nos fournisseurs de composants électroniques, l’évolution de chaque génération de composants passe principalement par la finesse de sa gravure silicone qui contribue à réduire considérablement sa taille. Cette réduction de la taille du composant induit une réduction de la surface de déperdition énergétique avec pour conséquence une consommation et un dégagement de chaleur minorés au niveau du serveur. Elle signifie aussi une diminution de la taille du serveur lui-même.

A l’échelle industrielle de nos infrastructures, chaque nouvelle génération de composants produite par nos partenaires technologiques est souvent pour nous une évolution énorme. En les associant à nos propres innovations industrielles, nous pouvons stocker davantage de serveurs à surface égale, comparée à la gamme antérieure de ces mêmes serveurs. Cette concentration nous permet aussi d’offrir à nos clients une plus grande puissance de calcul à consommation égale.

Notre engagement d’éco-responsabilité est une quête que nous menons conjointement avec notre écosystème de partenaires technologiques. Il est au cœur de la relation que nous entretenons avec eux, et repose sur notre excellence opérationnelle et industrielle, conjuguée à notre grande capacité de disruption.

Un engagement de transparence

Il y a 21 ans, OVHcloud s’est créé sur la promesse de faire de la révolution des données un succès pour tous, et nous pensons que le cloud peut être une partie de la solution pour faire émerger de nouveaux modèles respectueux de l’environnement.

Pour atteindre cet objectif, nous allons poursuivre nos efforts afin de minimiser notre empreinte carbone. Nous continuerons de promouvoir le développement durable à travers des conceptions industrielles plus efficaces, moins énergivores. Grâce aussi à de nouveaux indicateurs de performance énergétique, encore plus précis qui monitorerons tous nos infrastructures, et qui contribueront à l’émergence d’un business model plus vertueux dans l’industrie du cloud.

Comment aller plus loin ?

Notre obsession pour l’efficacité énergétique et la frugalité de nos design apporte de la valeur pour nos nous et nos clients, non seulement d’un point de vue économique mais aussi d’un point du vue environnemental. Mais nous le constatons sur la courbe de consommation des datacentres, la migration vers le cloud ne pourra pas indéfiniment être le facteur de contrôle de la consommation des datacentres. De même que les gains en efficacité énergétique vont devenir de plus en plus difficile à conquérir. Nous croyons donc qu’il ne faut pas seulement optimiser nos infrastructures, mais aussi se tourner vers les couches plus hautes, les applications, regarder comment le code est écrit et son impact en terme de consommation énergétique. L’efficacité énergétique doit aussi être développée au niveau logiciel. C’est aussi une formidable opportunité d’informer nos clients de leur propre impact, pour qu’ils prennent les bonnes décisions quant à leur propre consommation.

OVHcloud EcosystemExperience

Pour en savoir plus, n’hésitez pas vous connecter à la keynote de l’OVHcloud #EcosystemExperience le 03 Novembre 2020 en vous inscrivant ici.

EcoEx2020 - Keynote #1

Ou de suivre les sessions dédiées (sur inscription):

EcoEx 2020 - Energy dedicated sessions
  • L’empreinte carbone d’OVHcloud : évaluer, réduire et compenser, avec CLO2
  • Datacenters, Cloud and IT energy consumption: how to develop a sustainable cloud together, with IEA
  • Energy matters in the Cloud, avec INRIA