GHG Protocol, CUE, Emissions Scope 1, 2, 3… Tenter de comprendre le système d’évaluation de l’impact carbone de vos services cloud ? De nouveau, c’est le casse-tête ! Vous vous êtes pourtant assuré d’avoir trouvé les meilleurs métriques pour répondre aux critères de durabilité d’ici 2030 et gérer votre entreprise de manière durable ? Seul hic, il y a un déluge d’indicateurs qui florissent partout. Mais voici un moyen sûr de s’y retrouver facilement.
Ils apparaissent dans diverses études publiques et non publiques. Pire encore, il est rarement fait mention des certifications, des méthodologies et des organismes qui pourraient vous accompagner de manière robuste dans votre quête de durabilité.
Simplement parce qu’elles ne sont pas unifiées, les méthodologies sont souvent peu fiables, non transparentes ou même biaisées.
Mais ne cherchez plus. Nous sommes passés par ce fastidieux processus et nous vous présentons les indicateurs éprouvés pour vous aider à comparer les acteurs du secteur du cloud.
En voici une liste ci-dessous. Notre expertise combinée aux normes européennes est la l’assurance que nous avons pris les précautions nécessaires pour vérifier leur sincérité et identifier tout biais potentiel dans leur interprétation.
Les indicateurs globaux qui répondent aux protocoles les plus exigeants :
- Le bilan Carbone au sens du GHG protocol
C’est une compatibilité normalisée (comparable à la norme IFRS au niveau financier).
Son mérite est de lister très clairement les postes d’émission qui doivent être pris en compte et de les organiser par catégories (scopes) pour permettre une meilleure lecture des leviers qui sont directement à la main de l’entreprise.
Les biais les plus souvent observés sont l’absence du Scope 3 (émissions indirectes amont et aval) ou bien son caractère incomplet. C’est pourtant une partie significative de l’impact du cloud dans laquelle la fabrication des serveurs est majoritaire.
A titre d’illustration, en 2023, le Scope 3 d’OVHcloud représentait 54,5% de nos émissions globales.
Sur le Scope 2 (émissions indirectes), qui correspond aux émissions relatives à la production de l’électricité utilisée par l’entreprise, beaucoup trop d’acteurs reportent la chose en utilisant des facteurs d’émissions « market based » et omettent de le faire avec des facteurs d’émissions « location based ».
La réalité physique est qu’à moins d’être en auto-production/consommation 24/7 à l’échelle du site, la nature de l’électricité qui alimente le data centre est celle du mix énergétique du territoire où elle est produite.
Donc seuls les facteurs location based sont pertinents. Utiliser les facteurs market based en complément est uniquement intéressant pour démontrer l’effet de la politique d’achat d’énergie renouvelable que l’entreprise a mise en œuvre via des CPPA (Corporate Power Purchase Agreements) ou autres Certificats d’Energie Renouvelable.
A titre d’illustration, en 2023, le Scope 2 d’OVHcloud représentait 44,7% de nos émissions globales et la part d’énergie renouvelable dans notre mix énergétique était de 91%.
Il est possible d’y voir plus clair au travers de questions simples telles que :
- Reportez-vous votre Scope 3 ?
- Sur quelle base prenez-vous en compte le poids carbone des équipements IT ?
- Quels facteurs d’émissions utilisez-vous pour le Scope 2 ?
- Incluez-vous la climatisation, le chauffage des locaux tertiaires ?
- Les déplacements, les voyages, la dotation en matériel des collaborateurs également ?
- Le CUE (Carbone Usage Effectiveness) au sens de la norme ISO/IEC 30134-8:2022
Force est de constater que l’industrie du cloud est peu encline à le publier alors qu’il permet de mettre les Scopes 1 et 2 en perspective de la taille de l’activité et donc de comparer les acteurs entre eux.
En 2023, le CUE d’OVHcloud était de 0,18 kgCO2/kWh (location based).
L’intérêt de cet indicateur est qu’il permet notamment, à mix énergétique donné, de comparer la performance de deux Cloud Services Providers sur l’efficacité énergétique de leurs infrastructures puisque plus le PUE (Power Usage Effectiveness) sera faible, plus le Scope 2 le sera (à charge IT équivalente).
- Les émissions globales (Scopes 1, 2 et 3) sur l’effectif
Cet indicateurs peut être dérivé assez facilement d’informations contenues dans les déclarations de performance extra-financière des entreprises (quand elles y sont soumises) ou bien via les informations publiées dans les bases de données comme le CDP (Carbone Disclosure Project). Il est à prendre avec beaucoup de précautions car tout dépend de là où se situe l’acteur dans la chaîne de valeur ainsi que l’exhaustivité de sa comptabilité carbone.
A titre d’exemple, les fabricants de composants seront typiquement entre 50 et 100 TCO2e par collaborateur et par an, là ou des opérateurs de Cloud seront entre 25 et 50 TCO2e par collaborateur et par an.
Pour information en 2023, les émissions globale d’OVHcloud étaient de 131 kTCO2e pour 2900 collaborateurs soient 45 TCO2e par collaborateur et par an sur l’ensemble de la chaine de valeur du cloud : de la fabrication des serveurs aux services IaaS/PaaS/SaaS.
Indicateurs à l’échelle des services
Par nature, ces derniers dérivent des indicateurs globaux. Ils n’auront de pertinence que si le bilan carbone global de l’entreprise est exhaustif et précis.
- L’empreinte carbone d’un service cloud donné (IaaS, PaaS ou SaaS)
De nombreuses « calculatrices » carbone commencent à apparaître sur le marché mais force est de constater que les méthodologies diffèrent grandement. Ce qui compte le plus est la capacité des calculateurs à allouer précisément les émissions des Scope 2 et 3 qui sont les parts les plus importantes.
OVHcloud a lancé sa calculatrice en 2023 pour tous ses services de Cloud Privé (Baremetal, Hosted Private Cloud).
Voici à date quelques éléments de comparaison pour en comprendre ses bénéfices :
En 2024, nous prévoyons d’étendre cet outil au Cloud Public pour une couverture totale de notre gamme de services cloud. La comparaison avec les acteurs pourra dès lors être faite sur tous les segments.
Comme pour les indicateurs globaux, il est possible d’y voir plus clair au travers de questions simples telles que :
- Quelles sont les émissions relatives à la phase de fabrication des infrastructures IT ? Réallouez-vous également une part des infrastructures IT à usage interne nécessaire pour délivrer mes services ?
- Quelles sont les émissions relatives à la phase d’usage (électricité) ? Quels facteurs prenez-vous (market vs location based) ? Prenez-vous en compte la consommation électrique mesurée ou bien théorique ? A défaut de mesure, quel modèle utilisez-vous : consommation maximum, consommation moyenne etc.. ?
- Réallouez-vous également tout le reste des émissions de votre entreprise indispensables aux opérations des services que j’ai souscrits (réseau, bâtiments, fret, voyages, déchets etc…) ?
- L’empreinte carbone d’un service cloud donné (IaaS, PaaS ou SaaS) ramené à son prix
Cet indicateur est à proscrire. Indépendamment du fait qu’il faut d’abord bien s’assurer que le numérateur du ratio (les émissions en valeurs absolues) couvre bien tous les postes d’émissions, cet indicateur induit un biais indéniable : il défavorise les acteurs les moins chers à émissions comparables.
Pire, à service équivalent, un acteur 20% moins émissif et 30% moins cher, aura une moins « bonne note ». !
- L’empreinte carbone d’un service cloud donné par unité physique ou fonctionnelle
C’est indéniablement une bonne approche. En raisonnant par unité fonctionnelle, on peut rebâtir tout type de services cloud et en calculer précisément l’impact.
La démarche de refonte du PCR (Product Category Rule) est en cours. OVHcloud est fière d’avoir répondu à l’appel de l’ADEME pour y participer. Les résultats sont attendus en fin d’année et nous nous en ferons la chambre d’écho.
Une température, une masse, un volume sont des indicateurs faciles à comparer car ils sont standardisés. Un bilan financier également car il est normalisé et audité avant publication.
La même logique doit présider à la publication des indicateurs environnementaux.
Si celui qui les « produit » ne le fait pas, c’est bien à celui qui les « consomme » de le faire.
Pour en savoir plus sur nos engagements environnementaux
Gregory Lebourg